Conférence de Magda HOLLANDER-LAFON
Le lundi 3 juin 2019, Les élèves ont rencontré Magda Hollander-Lafon. Son témoignage s’est déroulé devant les élèves du niveau Première, des élèves ayant participé au Concours national de la Résistance et de la Déportation et des élèves participants au projet de l’établissement « Dans les pas de St Jean Paul II », soit plus de 300 personnes.
Ancienne déportée du camp d’Auschwitz-Birkenau. Elle est venue leur apporter son témoignage de paix : « c’est la solidarité et la mémoire qui peuvent sauver l’humanité ».
16 ans… elle avait le même âge que les lycéens lorsqu’elle a été déportée par les Nazis. Magda est née en 1928 en Hongrie dans une famille juive. Dans un amphithéâtre complet, ce petit bout de femme de 92 ans, au regard pétillant et au sourire radieux, a échangé chaleureusement avec les lycéens pendant près d’une heure et demie. Profondément choquée par l’antisémitisme qui renaît en France, Magda continue à faire du témoignage auprès des jeunes son cheval de bataille. « C’est vous qui préparez demain aujourd’hui ».
Lors de son arrestation en 1944, avec sa famille, elle a laissé sa maison derrière elle, n’emportant qu’une petite valise de 25 kg. Dans les camps, elle a découvert l’inhumanité : « l’homme a imaginé la destruction de l’homme. Hitler voulait nous exterminer ». A Auschwitz, elle a perdu sa mère et sa sœur mais également la confiance dans l’être humain. « Tout était fait pour que tu meurs très rapidement. Heureusement, il y avait de la solidarité dans les camps. C’est la beauté et la bonté qui m’ont sauvée ».
Après sa libération du camp, elle n’avait plus personne et n’a dû compter que sur elle-même. « A 17 ans, je ne savais pas que faire de ma liberté. J’étais très révoltée par l’injustice. Les gens ne s’intéressaient pas à nous ». Grâce à l’humanité et la compassion des personnes qu’elle a rencontrée sur son chemin, elle a repris goût à la vie. Elle est la dernière survivante parmi son groupe de 5 amies déportées avec qui elle est restée très proche toute sa vie. Aujourd’hui, son témoignage est un appel à la vie.
Comment fait-elle pour garder un tel sourire après une expérience si traumatisante ? « C’est toute une aventure intérieure. J’aimais la vie. J’ai survécu à toute cette horreur-là pour que cela n’arrive plus jamais. J’ai donné sens à ma vie et cela m’a poussée à agir ». Si vous lui demandez ce qu’elle pense de la montée de l’extrême-droite en Europe, elle vous répond que « toute extrême n’est pas porteur de fruit et qu’il est dangereux de penser détenir la vérité ». Elle a choisi de ne jamais se confronter aux négationnistes.
« J’ai été claire mes ami(e)s » ? Taquine-t-elle les jeunes lycéens.
Oui Magda. « Demain dépend de chacun d’entre nous. Il n’y a que des merveilles en nous ».
Tout élégamment vêtue de son beau tailleur vert, Magda est repartie du lycée, à petits pas, porter son message aux « enfants des nouvelles générations », entourée par ses deux amies.
« Osez. Ose-toi. Osez la vie ».
S. LABEROU – Professeur Documentaliste